Merci Madame / Monsieur le Président du tribunal de me donner la Parole.
Madame / Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs du tribunal,
Chers Confrères, et
Distingués invités
Je suis Maître Josué, constitué pour la noble cause des victimes des inondations au Tchad. Ma thématique est axée précisément sur l’environnement et le changement climatique au Tchad : Cas des inondations.
En effet, du haut de cette barre, je voudrais vous relater une traque…
Oh oui, une traque, parce que l’expression me semble être la plus exacte pour vous dérouler les chefs de demande de mes clients qui, à chaque approche des saisons pluvieuses ne trouvent ni sommeil, moins encore de tranquillité d’esprit, car tant la douleur des mauvais souvenirs est profonde que le traque de revire ceux-ci surabonde.
De la province du Lac, du Mandoul, du Moyen Chari, de la Tandjilé, du Mayo-Kebbi Est, et du Batha, tout en jetant un regard larmoyant sur celle de N’Djamena, la Capitale politique de notre chère nation prétendument taxée de vitrine de l’Afrique, force est de constater que ce phénomène climatique qu’est l’inondation a fait des milliers de victimes communément appelés SINISTRES.
C’est donc avec une profonde émotion et un sens aigu de responsabilité que je me présente devant votre auguste formation pour plaider la cause de ces sinistrés.
Les adeptes de la bien-pensance et de la science infuse présents dans cette merveilleuse salle d’audience nous taxerons surement de prétentieux voir même plus. Eh oui, comme tous les ans, ils viendront vous dire que les inondations sont un phénomène mondial, causées par le changement climatique notamment, l’émissions de gaz à effet de serre dues à l’industrialisation, la déforestation, et que sais-je encore pour tenter d’arracher votre conviction et couvrir leur limite à solutionner définitivement ce phénomène pourtant maîtrisable.
Pire, l’un des hauts dignitaires de la République s’est permis même de laisser entendre que si les grandes Nations du monde dites développées elles-mêmes sont envahies par l’eau, eh bien à plus forte raison le Tchad ; donc, il ne sert à rien de dénoncer les insuffisances du gouvernement quant à la gestion de ce phénomène.
Pourtant, nous sommes tous conscients du fait que ce phénomène met en péril la sécurité alimentaire, sanitaire et résidentielle pour ne pas dire urbaine des paisibles citoyens tchadiens.
Mieux, tant les Conventions Internationales ratifiées par le Tchad en matière de l’environnement à l’exemple de la Déclaration de Stockholm de 1972 que le dispositif légal interne garantissent le droit à un environnement sain à tous les citoyens comme corolaire du respect de la dignité humaine, mais surtout à la mise en œuvre des droits humains.
Au demeurant, l’article 57 alinéas 1 et 2 de notre loi fondamentale qu’est la CONSTITUTION dispose :
« La protection de l’environnement est un devoir pour tous.
L’Etat et les collectivités autonomes veillent à la défense et à la protection de l’environnement ».
Suivant les pertinentes dispositions de l’article 57 ci-haut cité, il convient de noter qu’il est imputé à l’Etat et aux collectivités autonomes la responsabilité de veiller non seulement à la protection de l’environnement mais par extension, l’obligation de prendre toutes les mesures nécessaires tendant à la sauvegarde de la vie de sa population exposée aux intempéries de l’environnement.
Dès lors, il n’est point besoin de rappeler les causes des inondations et des problèmes environnementaux au Tchad Mesdames et Messieurs du tribunal étant entendu que les responsabilités sont situées.
Ce qui devrait prévaloir donc devant vôtre auguste formation Messieurs de tribunal, c’est la question de l’applicabilité des textes qui encadrent le droit à un environnement sain au Tchad.
De cette exigence, découle naturellement plusieurs interrogations, notamment celles :
Tenez vous bien Messieurs du tribunal, quelqu’un me siffle à l’oreille qu’une Commission Nationale aurait même été créée suivant un arrêté N°0362/PM/2024 portant prévention et gestion des inondations au Tchad.
Mais, sommes-nous sérieux lorsque nous utilisons le vocable PREVENTION pour désigner ceux qui pensent uniquement à leur ALIMENTATION ?
Oui Messieurs du tribunal, vous et moi savons très bien ce qu’ALIMENTATION voudrait désigner dans le cas d’espèce.
Il ne s’agit pas des envolés oratoires mais des faits probants Messieurs du tribunal. Lorsqu’un Etat se permet de nous dire par exemple que la digue de Walia construite à base de la terre battue coût environs vingt (20) milliards de francs CFA, c’est qu’on doit s’attendre au pire.
Mieux, force sera de constater que même les Kits alloués aux sinistrés pour leur survie sont détournés aux préjudices de ces derniers.
Allez-y donc comprendre ce degré d’inconscience et d’insouciance Messieurs du tribunal ?
En réalité, une gouvernance axée sur la sécurité des citoyens nécessite des politiques patriotiques et inclusives, qui prennent en compte les enjeux environnementaux et les risques de catastrophes ; car l’engagement des autorités à mettre en œuvre des stratégies de prévention et de gestion doit se traduire dans les faits et non dans les ventres.
Parce que voyez-vous, la sécurité ce n’est pas seulement en temps de guerre mais aussi, en temps de paix notamment, pendant les périodes d’inondation.
Pour nous résumer Mesdames et Messieurs du tribunal, nous vous demandons dignement, humblement, modestement, mais légitimement de constater le manque de patriotisme pour ne pas dire de leadership serviteur dans le cadre de la gestion des inondations au Tchad.
C’est pourquoi, nous estimons que :
Sont les seules pistes de solutions efficaces et explorables qui nous reste.
J’ai Plaidé.