Lors du panel intitulé "Violences faites aux femmes : sensibilisation et réponses judiciaires", Madame NASSIMA OUTMAN SUZANNAH a apporté une perspective éclairante sur les défis complexes et les solutions potentielles concernant les violences faites aux femmes au Tchad. Elle a commencé par souligner que ces violences sont spécifiquement dirigées contre les femmes, ce qui reflète une profonde inégalité de genre au sein de la société. Elle a déclaré :
« Ce sont des violences qui sont perpétrées spécifiquement à l’encontre des femmes. »
Elle a ensuite développé l’idée que la réponse judiciaire, bien que nécessaire, ne suffit pas à elle seule pour gérer ce problème de manière exhaustive. Selon Madame OUTMAN, il est crucial de proposer une réponse holistique qui inclut non seulement des mesures judiciaires, mais aussi une prise en charge psychologique, médicale, et un accompagnement psychosocial adapté. Elle a ainsi précisé :
« Dans la gestion des violences faites aux femmes, la seule réponse judiciaire ne suffit pas, il faut apporter une réponse entière qui inclut la prise en charge psychologique, médicale, un accompagnement psychosocial adapté. »
Pour contextualiser cette problématique, il est important de comprendre que le Tchad, comme de nombreux autres pays, fait face à des défis sociétaux et structurels qui compliquent la lutte contre les violences faites aux femmes. Les infrastructures de santé mentale et de soutien social sont souvent insuffisantes, et les victimes peuvent avoir du mal à accéder aux services dont elles ont besoin.
Un autre point central de sa présentation a été l'importance de la sensibilisation dès le plus jeune âge. Madame OUTMAN a insisté sur le fait que la question du consentement doit être enseignée aux enfants afin qu’ils comprennent le droit de dire non et le respect du non de l’autre. Elle a expliqué :
« La sensibilisation doit commencer dès le bas âge ; spécialement la question de consentement qui doit être instillé en l’enfant qui doit avoir le droit de dire non mais aussi le respect du non de l’autre. Dès l’enfance il faut enseigner les comportements inappropriés. »
Cette approche éducative est fondamentale pour changer les mentalités et réduire les violences à long terme. En inculquant ces valeurs dès l’enfance, la société peut évoluer vers une culture de respect et de consentement, réduisant ainsi les comportements violents.
Madame OUTMAN a également mis en lumière un aspect troublant : la majorité des affaires de violences n’atteignent pas le système judiciaire. Elle a révélé que beaucoup de parents pensent protéger leurs filles en dissimulant les violences subies, allant parfois jusqu’à offrir en mariage les victimes à leurs agresseurs. Elle a indiqué :
« Généralement les affaires de violences n’arrivent pas à la justice. Certains parents pensent protéger leurs filles en cachant ce qui s’est passé. Certains vont jusqu’à offrir en mariage les victimes de ces violences. »
Ces pratiques, bien que motivées par un désir de protection, ne font qu’exacerber le problème en privant les victimes de justice et de réhabilitation. Elles perpétuent également une culture d'impunité pour les agresseurs.
Statistiquement, la situation est alarmante : « Une femme sur cinq au Tchad est victime de violence. »
Cette donnée choquante souligne l’urgence d’une action concertée pour protéger les femmes et offrir des voies de recours efficaces. Madame OUTMAN a insisté sur le fait que la force n’est pas toujours la réponse appropriée, surtout dans des contextes culturels délicats comme celui de l’excision. Elle a expliqué :
« La force n’est pas toujours la réponse appropriée. Par exemple, dans le cas de l’excision, il faut prendre en compte la perception des communautés qui sont convaincues que c’est une pratique noble, une coutume qui fait partie de leurs traditions. On pense sincèrement faire du bien à la jeune fille en l’excisant. Il faut donc une approche entière et spécifique à chaque communauté depuis la sensibilisation jusqu’aux sanctions pour que les choses changent. »
En d’autres termes, il est crucial d’adopter une approche respectueuse des croyances locales tout en œuvrant pour leur évolution. Cette stratégie nécessite une sensibilisation communautaire intensive et une implication des leaders locaux pour changer les mentalités de l’intérieur.
À la question du silence face aux violences faites aux hommes, Madame OUTMAN a encouragé les hommes victimes à porter plainte. Cependant, elle a souligné une différence notable dans les réactions sociétales face aux violences faites aux hommes comparées à celles faites aux femmes. Elle a dit :
« J’invite les hommes victimes de violences à porter plainte. Mais il faut se remettre en question et demander pourquoi aujourd’hui la salle présente est scandalisée quand on parle des violences conjugales faites aux hommes et n’est pas choquée au même degré face aux violences faites aux femmes. »
Pour conclure, elle a insisté sur l'importance du consentement en matière de sexualité, résumant en une phrase simple mais puissante :
« Si vous devez retenir une seule chose de notre échange, je vous recommande le consentement en matière de sexualité. Seul un oui est un oui. Le silence ne signifie pas oui. Un non, même s’il semble taquin demeure un non. »
Propositions de Solutions pour Lutter contre les Violences Faites aux Femmes
Pour améliorer la protection des femmes et renforcer les réponses judiciaires face aux violences, voici les propositions détaillées issues de la présentation de Madame NASSIMA OUTMAN SUZANNAH :